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Histoire

Un vase omalien
Un vase omalien

La Préhistoire et les Âges des Métaux à Braives

L'histoire de l'entité braivoise remonte à la préhistoire.

De nombreux vestiges paléolithiques et néolithiques ont été retrouvés à Latinne sur le site "Aux Golettes". Des puits et des galeries d'extraction de silex (bifaces, éclats et racloirs récoltés à Braives et à Latinne) attestent d'une présence de l'homme de Néandertal dans la vallée de la Mehaigne à cette époque. 

La période néolithique, basée sur l'agriculture et l'élevage, commence avec la survenue de nouvelles populations originaires de la péninsule balkanique. Ces populations arrivent en Europe occidentale en longeant les grands fleuves et s'installent notamment dans la vallée de la Mehaigne où ils fondent de véritables villages avec des habitations rectangulaires de bois et torchis. Le climat est plus doux et plus humide et ces nouveaux arrivants cultivent le blé dur, les légumineuses, pois et lentilles, ainsi que le lin. Ils élèvent du gros bétail, bovidés, porcs, chèvres, moutons. Au 19ème siècle, on a découvert plusieurs "cités" à Omal ensuite à Latinne et Tourinne d'où le nom général d'"Omaliens". Ils introduisent une innovation remarquable : la céramique. Ils fabriquent leurs pots en superposant des boudins de terre en spirale.

Vers 4400 avant J.-C., dans la vallée de la Mehaigne, Avennes devient un centre important de l'extraction du silex. Des puits et des vestiges d'ateliers de débitage du silex (ébauches de haches, couteaux, tranchets, grattoirs), associés à des traces d'habitats (fosses et foyers avec tessons de poteries et ossements d'animaux) ont été repérés à plusieurs emplacements à Avennes et à Latinne. 

Dans le courant du deuxième millénaire avant J.-C., l'usage du bronze se répand lentement dans nos régions. Vers 700 avant J.-C., des conquérants venus de Bavière apportent le fer. On retrouvera une dizaine de fosses non funéraires à Pitet, Fumal et Avennes. Elles contenaient surtout de la céramique.

La Chaussée Romaine Bavay-Tongres
La Chaussée Romaine Bavay-Tongres

La Chaussée Romaine Bavay-Tongres et le Perniciacum

La bataille d'Alésia en 52 avant J.-C. consacre la soumission de la Gaule aux Romains. C'est à Auguste, premier empereur que l'on doit la mise sur pied de l'organisation de nos régions. De Bavay, une route, passant par Braives, s'étire à travers la Wallonie pour rejoindre le Rhin, à Cologne. 

Aujourd'hui, on peut encore suivre la voie romaine Bavay-Tongres à Braives et ailleurs. Elle est restée très présente dans notre aménagement du territoire. La voie est un axe capital en Gaule septentrionale et des relais sont installés le long de son trajet. L'un deux est vraisemblablement à l'origine de l'établissement d'un village gallo-romain au lieu-dit "Les Sarrasins" à Braives aussi appelé "Perniciacum".

Il s'agissait d'un village-rue avec quelques petites maisons en bois, développé le long de la voie romaine, qui, au fil du temps, se transforma en un petit centre économique, aux fonctions commerciales et artisanales. 

Au 2ème siècle, des échanges avec les régions du Rhin, de la Gaule, d'Italie, d'Espagne amènent chez nous des huîtres, du vin.... On a décelé des villas à Latinne, Brivioulle, Ville-en-Hesbaye et Ciplet. 

Le Tumulus d'Avennes
Le Tumulus d'Avennes

Des cimetières sont également installés en dehors de l'agglomération, au bord des routes. Ainsi plusieurs tumulus, tombes pour les personnages importants, ont été découverts à Avennes et dans la campagne entre Ville-en-Hesbaye et Latinne. Les tumuli de Fallais et Hosdent ne sont connus que par d'anciennes cartes. 

Dans les dernières années du 3ème siècle, une fortification est érigée à Braives afin de protéger la route Bavay-Cologne. Cette fortification faisait également partie du système de défense militaire de l'est de la Gaule. 

Au 4ème siècle, l'empereur Constantin perfectionne la stratégie défensive de l'Empire face aux Germains. La forteresse est agrandie et subsiste jusqu'aux environs de 350. À cette date , de nouvelles luttes civiles divisent l'Empire et les hordes germaniques réapparaissent, dévastant la Gaule. Ce qui reste de l'agglomération sombre définitivement. 

A partir de l'hiver 406, les invasions sont massives et destructrices et les Francs s'installent dans nos régions en y exerçant le pouvoir. Vers la fin du 5ème siècle, on remet le sol en état d'être cultivé. C'est l'apparition de nos villages... Le problème de l'approvisionnement en eau fait délaisser les établissements le long de la chaussé Bavay-Tongres au profit des rives des cours d'eau, telle la Mehaigne. Les Francs ont ainsi jeté les bases des futures agglomérations médiévales. 

Le Château de Fumal
Le Château de Fumal

Durant tout le Moyen Âge, c’est la terre qui constitue la richesse. On ne s’étonnera donc pas de la convoitise exercée sur ce coin de Hesbaye à l'exceptionnelle fertilité des sols. 

Plusieurs cimetières des 6e et 7e siècles (Avennes, Braives, Fumal, Latinne et Pitet) témoignent d’une continuité dans l’exploitation des terroirs depuis l’Antiquité.  

Du point de vue administratif, la région de Braives relevait du Pagus de Hesbaye, un district hérité de Rome. Cette entité, dont il serait bien imprudent de vouloir délimiter les contours exacts, se fractionna au 10e siècle en plusieurs comtés. L’autorité est alors confiée à un comte désigné par l’autorité impériale, que sa fonction administrative amenait à se déplacer parfois loin de son lieu d’origine.  

À partir de la fin du 10e siècle, certains d’entre eux vont s’ancrer et fonder un lignage dynastique. Au nord, le comte de Brabant avait son siège à Louvain. Au sud, jusqu’au tout début du 11e siècle, on trouvait le comté de Huy. Le comte le plus proche exerça son pouvoir depuis l’éperon de Moha, sur la Mehaigne. Vers 1060, la terre de Moha passa par mariage au comte de Dabo en Lorraine (pays de Sarrebourg). Le comte détenait plusieurs propriétés là où on trouve l’abbaye du Val Notre-Dame (Antheit), fondée par la famille de Moha. Les enclaves du comte de Namur (Fumal, Ville-en-Hesbaye) trouvent leurs origines dans la succession de la Terre de Moha suite au remariage en 1109 d’Ermesinde de Luxembourg (1075-1143), veuve du comte de Dabo (Moha) Godefroid, comte de Namur de 1105 à 1139.

 Sur l’entité actuelle de Braives, un nombre important de terres - mais pas la totalité - sont passées très tôt sous le contrôle de l’Église à travers ses institutions.

Ces institutions religieuses prirent le contrôle de terres avec la main-d’œuvre qui y était attachée. Pour leur gestion, les moines, moniales et chanoines avaient besoin d’intermédiaires entre eux et les « bras » œuvrant sur place. C’est de cette classe d’intermédiaires qu’émergea au fil du temps, l’une ou l’autre famille qui forma la petite noblesse que l’on croise à travers plusieurs seigneuries locales. Leurs représentants se sont faits appeler milites (pluriel de miles, le fantassin) mais plus tard « chevaliers » car ce fut bien le cheval le marqueur social par excellence, comme pour le paysan qui grâce à son cheval de trait accédait au rang de laboureur.

 Cette noblesse se dota des attributs d’identification : le château qu’il fallait sans cesse adapter si son détenteur voulait garder la noblesse de son rang.

Le Château de Fallais
Le Château de Fallais

Les châteaux et autres fortifications médiévales de Braives

Le château fut avant tout la résidence fortifiée d’un noble et de sa famille à laquelle était attachée une exploitation agricole. 

À Fumal, l’éperon fortifié par le comte de Namur est un des rares reliefs de la région à avoir été fortifié dans la tradition des châteaux de la première génération, eux-mêmes souvent hérités de la fin de l’époque romaine. En plaine, à défaut de butte, le château à motte a offert une solution défensive assez rapide à édifier. La terre extraite des fossés servait à élever le tertre et les levées de terre environnantes. Au sommet, on érigeait une tour en bois et au pied se plaçait la basse-cour protégée par un fossé et une levée de terre surmontée d’une palissade. On pouvait aussi procéder par « emmottement » d’une construction en pierre existante ; autrement dit, recouvrir sa partie inférieure de terre puis ensuite la surélever par de nouvelles maçonneries. 

Les mottes ne se généralisent que dans la seconde moitié du 11e siècle et datent en général des 12e et 13e siècles. On aurait reconnu deux mottes à Ville-en-Hesbaye. Le matériel découvert date leur occupation du 13e au 15e siècle. 

Dominant aujourd’hui une mare et un verger didactique, le site le mieux conservé (haut. 7,5 m ; diam. 40 m) est recouvert d’une épaisse végétation. Une autre motte castrale s’élevait à une centaine de mètres de la première. Nivelée de nos jours, elle se situe à l’arrière d’une propriété proche de l’église de Ville-en-Hesbaye. Les fouilles y ont mis au jour un puits ou citerne en pierre sèche. 

Restauré en 1882, le château de Fallais présente un plan général qui devient classique à partir de la fin du 12e siècle et qui est composé d’une tour d’habitation, ou donjon, protégée par une enceinte quadrangulaire renforcée aux angles par des tours de plan circulaire. L’entrée était défendue par un pont-levis. Une chapelle est attestée en 1269. L’histoire du château de Fallais est passionnante et ses souvenirs ne peuvent laisser indifférent. La chronique du château cite les noms des ducs de Beaufort, de Charles le Téméraire, de Louis XI, de Louis XIV comme autant de personnages qui y ont résidé.

En 1465, les Liégeois alliés au roi de France Louis XI contre le duc de Bourgogne s’emparent du château. Mais dès décembre, ils doivent le restituer : Charles le Téméraire abolit les privilèges de Liège et décide une répression. Fallais sera le théâtre du projet du sac de Liège.

Durant son séjour du 3 au 9 juin 1675, Louis XIV ordonne la destruction de la Tour dite de Bourgogne et de la Tour Grignard.

En 1937, un incendie affecta l’aile septentrionale, reconstruite depuis lors.

Un ensemble seigneurial se situait à Hosdent, hameau de Latinne. Des vestiges de ce petit complexe médiéval et moderne subsistent encore à l’heure actuelle : un moulin sur la Mehaigne, une maison de justice, un presbytère et une grosse ferme, ainsi que dans le potager de celle-ci une pierre tombale au nom d’Eustache-Charles de Salmier et d’Anne d’Enghien, seigneurs de Hosdent au 17e siècle. 

Toujours à Hosdent, des recherches menées sur une parcelle attenante à la ferme du Cortil ont permis la mise au jour de plusieurs phases de construction superposées d’un petit complexe aristocratique. Au-dessus d’un habitat daté du 13e siècle dont il ne reste que quelques fondations, une « maison » ou « hôtel » de plan rectangulaire attribuable au 15e siècle a été reconnu. Par-dessus cette construction, fut construit au 16e siècle le « château de Hosdent » : le nouvel ensemble présente alors un plan en L, doté de deux tours et entouré d’un mur de clôture et d’un fossé. Ce château sera arasé à la fin de l’Ancien Régime, à l’exception de la grosse tour qui restera en place jusqu’au début du 20e siècle, avant de s’écrouler.

Les origines médiévales des villages et du paysage rural actuel

Dans un paysage à vocation agricole comme celui de Hesbaye, il s’est agi de privilégier les bonnes terres de culture pour en tirer les meilleurs rendements. L’habitat dans son implantation a cherché à épargner les terres du plateau. Il fut une époque où l’habitat groupé prit le dessus sur l’habitat dispersé : il s'agit d'une question historique au coeur de l'origine de nos villages. 

La villa, unité d’exploitation agricole isolée, a dominé la région à l’époque romaine, en dehors de l’agglomération routière de Braives dont les fonctions étaient spécifiques. Il s’agissait de villas de gabarits moyens et non des palais au plan démesuré, ce qui tendrait à montrer une exploitation intensive mais équilibrée des ressources. 

Aujourd’hui, la ferme isolée avec plusieurs bâtiments disposés en carré autour d’une cour centrale donne l’impression de perpétuer la villa à la tête de vastes superficies. Le regroupement de l’habitat qui a donné naissance au village reste un processus encore mal connu qu’il faudrait pouvoir établir au cas par cas. 

La communauté avait la capacité de réunir des petits lopins, de partager ses outils et unir ses forces. Le nom de Ville-en-Hesbaye fournit un bel exemple : il désigne à l’origine une villa qui devint village. 

La mise en place du réseau paroissial va contribuer à ce regroupement mais d'une manière moins rapide qu’on ne l’a cru. En effet, les premières églises ont pu s’établir sur un cimetière existant, à l’écart de l’habitat, comme à Pitet, ou au contraire au sein de la résidence castrale d’un noble en tenant à distance les villageois. C’est le cas à Fumal avec Saint-Martin intégrée à la basse-cour du château. 

À Fumal, on trouve aussi mention d’une « chapelle » Saint-Hubert et consacrée par l’évêque en 1024. Elle semble à l’abandon depuis le 17e siècle. Le terme de capella, chapelle doit ici être compris dans le sens d’église et non de modeste édifice, remplissant les fonctions paroissiales.

Pitet est mentionné la première fois en 1243, date à laquelle l’église releva de l’abbaye de Flône et devint une chapelle, desservie par un chapelain de l’abbaye. Mais il s’agit bien d’une église plus ancienne. Le vocable du Sauveur, rare dans l’ancien diocèse de Liège, est attaché à Charlemagne et donc carolingien. La situation de l’église sur un point fortifié et la présence de l’habitat au pied rendent vraisemblable cette datation du 9e siècle. Le curé de Fallais contesta en vain cette ancienneté, clamant que Pitet était une filiale démembrée de l’église dédiée à la Sainte Vierge (démolie en 1854) liée à l’habitat autour du château de Fallais, dont les origines ne sont pas aussi anciennes. 

Cette région, pendant plusieurs siècles, a été convoitée par de puissants féodaux. On peut encore y voir des constructions séculaires auxquelles sont venues s'ajouter, au siècle dernier et plus récemment encore, des bâtiments très diversifiés. 

Aujourd'hui, les ensembles bâtis forment les villages de l'entité de Braives qui sont tous, à l'exception de Tourinne sis dans la vallée de Geer, riverains de la Mehaigne, affluent de la rive gauche de la Meuse. 

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